A great amateur rider himself,
Henry de Montesquieu was President of FEGENTRI from 1987 to 2001.
He was also President of the French Club of
Gentlemen- and Lady-riders for 10 years.
For over 20 years he was the perfect ambassador of FEGENTRI;
tirelessly promoting the elegance and sportsmanship
that define amateur racing at the highest level.
For him « Tradition is not just stirring cold ashes,
but blowing on embers » and he put this into action,
launching many initiatives during his presidency.
Henry de Montesquieu nous a quittés : le Club s’incline
Le monde des courses et celui du Club des Gentlemen-Riders et des Cavalières ont perdu l’une de leurs plus emblématiques figures, le Baron Henry de Montesquieu, rappelé à Dieu au soir de la veillée pascale, à l’âge de 94 ans.
Un destin, une œuvre, un style ; toute une vie…
Un destin…
La déflagration de la seconde guerre mondiale et les affres de l’occupation l’avaient surpris à l’adolescence, lui commandant impérativement de rejoindre dès les premières années de sa vie d’homme la 2ème DB comme simple soldat, pour en suivre l’épopée victorieuse au sein d’un régiment de Spahis.
Le jeune bordelais, héritier d’un grand nom de France, se devait de servir la France.
De cet engagement, concrétisé par les plus éminents honneurs nationaux de combattant volontaire, émanera au lendemain de la Victoire une vocation d’officier de Cavalerie, bientôt confortée du sceau de l’Ecole de Saint-Cyr.
Cela lui vaudra entre autres d’intégrer comme jeune Lieutenant le Centre des Sports Equestres Militaires (CSEM) à Fontainebleau, vivier de grands cavaliers sous l’uniforme, se soumettant à l’école de l’équitation sportive- et plus particulièrement à celle, périlleuse et enivrante, des courses d’obstacles.
Pratique alors recommandée par l’Armée, à laquelle il s’est adonné avec succès aux côtés des Labouche, Jochaud du Plessix, d’Arexy, Buret, Beauchêne, etc., ces « militaries » fourniront aux courses et au Club une nuée d’éminents dirigeants – tout comme le CSEM a fait ensuite transiter en ses rangs tant de Gentlemen-Riders (appelés du Service Militaire), devenus à leur tour des références d’excellence sur les hippodromes.
Et puis, c’est sur un hippodrome qu’Henry de Montesquieu avait fait la connaissance de son épouse, Colette…
Une œuvre…
Répondant à l’appel de la vie civile, tout en continuant à servir la Défense dans le cadre des officiers de réserve (au grade de Capitaine), Henry de Montesquieu a commencé sa carrière au sein de l’entreprise Solex, plus précisément au développement international de cette firme historique et emblématique du génie français.
Ensuite, il mettra son entregent au service du déploiement planétaire de la prestigieuse marque Moët & Chandon, qui s’en sera sans aucun doute grandement félicitée. Ambassadeur international de la grande Maison champenoise, Henry de Montesquieu y a servi la cause de l’excellence française, avec une distinction innée – cette même distinction innée qui commandera ensuite à la communauté internationale de la Fégentri de le hisser au siège de Président, avec toutes les qualités de diplomatie que cela suggère.
Il était entré au Club en 1948, alors présidé par Charles du Breil, et en est ainsi devenu le Président en 1988 – et quel Président ! -, pour une décennie où, sous sa dynamique expérience, plusieurs évolutions et nouveautés majeures ont marqué la vie du Club.
A son arrivée aux responsabilités au Club, il a donné naissance au corps des « Membres Associés », lesquels, à défaut d’avoir pu monter en courses et d’en obtenir le titre de « Membres Actifs », seront sélectionnés pour leur tribut à la bonne cause des courses et de l’amateurisme ; leur appoint s’est vite imposé comme très bénéfique au Club.
Puis, en 1993, le Club des Gentlemen-Riders est devenu le Club des Gentlemen-Riders et des Cavalières. En l’occurrence, avec sa maîtrise de l’art de la concorde, Henry de Montesquieu a porté sur les fonts baptismaux cette fructueuse alliance du Club avec le Club des Amazones de France, qui avait été créé fin 1960, avec Mme Eira du Breil comme première Présidente.
Henry de Montesquieu a aussi été le créateur du circuit international de la World Cup of Nations, déclinaison de celui des Championnats du Monde Fégentri, où la demi-douzaine de pays hôtes accueillait des représentations mixtes de chaque pays membre du challenge, d’étape en étape (chaque « team » national Cavalière-Gentleman portant une casaque aux couleurs de son drapeau).
La présidence d’Henry de Montesquieu a aussi été marquée par la création des stages d’obtention de première licence, assumés par le Club, avec l’aval de France Galop – un dispositif propre à la France et qui contribue grandement au niveau envié de l’amateurisme français, pour bientôt approcher les 1.200 participants depuis leur mise en œuvre.
En sa qualité conjointe de Président de la Fégentri, Henry de Montesquieu a également été très déterminant dans l’essor de cette Fédération, dont il avait été témoin de la création en 1955, à l’initiative de cinq pays fondateurs – pour regrouper maintenant quelque 25 nations adhérentes. C’est notamment à lui que la Fégentri a dû l’adhésion des Iles Britanniques et des USA, mais aussi son partenariat avec Moët & Chandon, pour conférer un brillant retentissement aux diverses étapes du Championnat – à l’instar du fameux « Silver Magnum » d’Epsom.
Le tout, sans compter ses multiples autres implications, au sein des plus divers cercles et associations, culturelles, cultuelles, humanitaires, toutes vouées à des causes altruistes et génératrices de savoir-vivre et de faire-savoir.
Un style…
Les témoignages qui affluent aujourd’hui de toutes parts – et notamment ceux en provenance de quelque 25 pays désormais réunis au sein de la Fégentri – mettent tous en exergue les qualités d’élégance d’Henry de Montesquieu (« élégance française », tiennent à préciser ces derniers…).
Pour Henry de Montesquieu, l’élégance, qu’elle soit simplement vestimentaire ou qu’elle désignât son comportement et sa civilité en toute circonstance, ce n’était rien d’autre qu’une forme du respect de l’autre ; ce n’était pas du paraître, c’est de l’être, c’est une exigence.
Cela allait de pair avec sa classe, sa distinction, son aisance naturelle, ses convictions. De fait, ces qualificatifs auraient pu refléter l’image d’un homme invitant à la distance, inaccessible homme d’honneur et de devoir. Mais jamais un tel « ressenti » n’aura été perçu par quiconque, de tous ceux qui l’ont fréquenté, qu’ils soient tout en haut ou tout en bas de l’affiche, qu’ils soient de sa génération ou de la toute dernière…
En toutes circonstances, même celles difficiles pour lui, Henry de Montesquieu avait le talent de réunir les gens les plus divers dans la bienveillance, dans la bonne humeur communicative, dans la courtoisie, dans l’affabilité du vrai gentilhomme, avec le secours d’un constant et pétillant humour et la simplicité de la vraie grandeur.
Il aura été viscéralement attaché aux valeurs fondamentales du Club – « courtoisie, camaraderie sportive, impeccable moralité, indispensables à l’institution des courses », telles qu’inscrites dans son acte fondateur de 1922. Il les aura superbement illustrées et nous les rappelle à la veille des 100 ans du Club. Un lourd et riche legs pour tous ceux qui lui ont succédé à la tête du Club et en assumeront l’avenir.
Fidèle parmi les fidèles en nos rangs, il l’était resté jusqu’au bout, digne en toutes circonstances, jusqu’à celles qui, ces tout derniers temps, l’avaient obligé à raréfier ses visites, retenu auprès de son épouse.
Le dicton affirme « le style, c’est l’homme ». Assurément, avec la disparition d’Henry de Montesquieu, on en mesure la teneur.
Il aimait répéter « la tradition ne consiste pas à remuer les cendres, mais à souffler sur les braises », et pouvait reprendre la formule de son glorieux ancêtre « je suis amoureux de l’amitié ».
En écho à l’impérissable souvenir qu’il aura diffusé auprès de tous ceux qui ont eu la chance de le connaître, Henry de Montesquieu restera autant dans les mémoires que dans les cœurs, notamment à l’heure de la célébration religieuse de ses obsèques (*).
En mon nom, au nom de tous les membres du Club, je m’incline face à ce souvenir et face à la douleur de son épouse, de ses enfants, de tous ses proches, en empruntant à Jean d’Ormesson sa si juste formule : « il y a quelque-chose de plus fort que la mort, c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants ».
Gérard de Chevigny
(*) en attente de leur publication.
Voir aussi les hommages publiés dans Jour de Galop, d’Elie Hennau, Nathalie Bélinguier, Thierry Lohest, Erik Chombart de Lauwe.